DOSSIER DU LIEN HORTICOLE Le sol, un allié invisible encore méconnu
L’enjeu de la végétalisation ne se joue pas que dans les rues, les parcs ou sur les toits, mais aussi en profondeur. Le sol est un partenaire vivant à considérer, de la production jusqu’à l’aménagement urbain.
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Il y a quelque chose de paradoxal dans les chiffres de la 17e enquête de l’Observatoire des villes vertes et qui révèle un angle mort des politiques d’aménagement urbain : 93 % des collectivités reconnaissent l’importance stratégique des sols dans leurs projets de végétalisation, mais seules 33 % en font une véritable priorité.
À peine 13 % des communes suivent la biodiversité de leurs sols, et seulement un quart réalisent des diagnostics pédologiques. Rien d’étonnant toutefois : loin des yeux, loin du cœur. Les regards se portent naturellement vers la canopée, les massifs fleuris, les allées paysagées. Qui s’interroge sur ce qui se passe sous terre ?
L’invisible qui gouverne le visible
Pourtant, c’est bien dans ces premiers décimètres sous nos pieds que se joue l’avenir des villes vertes. Le sol n’est pas seulement un support inerte pour les racines. C’est un écosystème complexe, qui combine caractéristiques physiques, chimiques et biologiques. À lui seul, il représente 25 à 30 % de la biodiversité totale de la Terre.
En effet, un gramme de sol est susceptible de contenir un milliard de bactéries et 100 000 champignons, et être riche de plusieurs milliers d’espèces (plus d'info ici). Cette vie souterraine – des micro- jusqu’aux macro-organismes – conditionne la vie en surface. Elle est fortement corrélée à la présence de matière organique, dont la minéralisation dope la biomasse microbienne, mettant en branle tout un processus d’interactions trophiques et non trophiques.
Longtemps étudiés principalement pour leur fonction de support de production agricole, les sols et les enjeux environnementaux qui leur sont liés ne suscitent l’intérêt des politiques publiques et de l’opinion que depuis une dizaine d’années.
Mais, outre l’artificialisation croissante, des décennies de méconnaissance ont encore des conséquences : fatigue des sols et tassements en zones agricoles, contaminations des friches industrielles, dépérissement d’arbres en ville… Ces derniers affichent une mortalité deux fois supérieure à celle de leurs homologues forestiers. Les causes sont souvent enfouies dans le sol.
Du diagnostic à l’action
« Pour un projet d’avenir, il faut investir dans l’invisible : le sol », affirme Frédéric Ségur, directeur d’Arbre, ville & paysage. Mais la terre végétale est en sursis, rappelle l’ingénieur paysagiste, qui propose différents axes stratégiques pour renaturer les villes sans recourir à l’or brun.
Conscients des enjeux liés aux sols, les laboratoires d’analyses développent de nouveaux indicateurs pour mieux en évaluer la qualité biologique, tandis que des programmes de recherche explorent les mécanismes spécifiques aux milieux urbains et les possibilités d’intégrer la trame brune dans les projets d’aménagement.
Certaines collectivités commencent à reconnaître la valeur de ce patrimoine discret mais menacé, dans un contexte de raréfaction de la terre végétale et d’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) à l’horizon 2050.
À Lyon (69), par exemple, la Métropole a expérimenté la reconstitution de sols fertiles dans le cadre de l’aménagement d’un jardin dans une friche industrielle, au cœur du quartier de Gerland.
Egalement dans le dossier... :
. Sous la surface, l'allié de la performance végétale, + Les sols urbains, oubliés des politiques d'aménagement ;
. Concevoir un sol adapté aux plantations urbaines, + Un observatoir des sols dans les Hauts-de-Seine, + Deux exemples de création de terre fertile à Paris-la Défense ;
. A Lyon, un substrat fertile reconstitué in situ.
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Le sol : un allié invisible encore méconnu
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